La lettre que nous avons reçue ce matin d’un Gilet Jaune en prison nous a particulièrement touchés.
« Je vous écris du centre pénitencier de Fleury-Mérogis pour vous annoncer que l’on incarcère les derniers Gilets Jaunes… ».
A l’instar de la lettre publiée il y a 6 ans par Thomas, lettre d’un Gilet Jaune en prison , M. B qui nous a écrit, est emprisonné à Fleury-Mérogis pour des faits s’étant déroulés lors d’une manifestation Gilets Jaunes.
Nous ne sommes pas là pour rejuger les faits.
Mais nous avons vu les violences, car nous y étions.
Et les véritables violences auxquelles nous avons assistés ne sont pas des vitrines brisées, mais des yeux crevés.
Ce ne sont pas des poubelles ou même des voitures brûlées, ce sont des mains arrachées.
Nous avons vu des « forces de l’ordre » passer à tabac des manifestants non seulement désarmés, mais à terre. Et pas des gros bras, les manifestants : des jeunes filles, des personnes âgées, des handicapés.
Nous avons vu des « forces de l’ordre » refuser de laisser passer les personnes qu’ils avaient mutilées, au crâne défoncé, en sang pour être prises en charge et recevoir des soins.
Nous – manifestants pacifiques – avons été parqués comme des animaux, compressés les uns contre et bombardés de grenades lacrymogènes qui brûlaient nos vêtements, notre peau. Sans échappatoire, paniqués de ne plus pouvoir respirer, vomissant sans pouvoir reprendre notre souffle.
Vous imaginez ?
Nous avons vu et vécu tout ça. Et ne croyez pas que nous exagérons, c’est la stricte vérité.
Ah une rectification quand-même.
Nous avons écrit « parqués comme des animaux », mais c’est faux. Si les gens avaient vu à la télé des animaux agglutinés les uns contre les autres sans pouvoir bouger, suffocant et vomissant dans ce gaz infernal, avec des policiers surarmés qui regardent, ils auraient été outrés.
On ne traite pas des animaux comme ça, non ?
Mais voilà, la meute médiatique a bien fait son boulot. La violence d’Etat, systémique, a été occultée par une vitrine cassée. Qui, elle, justifiait toute les violences sur le peuple.
Et les violences qui ont fait sortir les gens dans la rue, on en parle ?
De la misère, du désespoir et du sentiment d’injustice des gens qui sont méprisés par leurs « représentants ».
Qui sème la misère récolte la colère.
Vous croyez que la Révolution française, dont nous sommes si fiers, ne s’est pas faite dans la violence ?
Vous vous rappelez que les résistants de la 2nde guerre, on les appelait des « terroristes » ?
Ceux qu’on emprisonne aujourd’hui sont ceux qui ont manifesté leur colère contre ces injustices. Et ils font de la prison ferme pour ça.
En revanche, les Bayrou, Dupont-Moretti, Sarkozy, Fillon, Balkany, Fabius, Guéant, Ferrant, Woerth, Alliot-Marie, Falco, Jupé, Pasqua, Chirac (la liste est trop longue, lisez vous-même) sont toujours en liberté.
Non seulement ils ne connaîtront jamais la prison, mais ils sont toujours au pouvoir et se gavent d’argent public en nous demandant de faire des « efforts ». A nous.
C’est sans fin et cette injustice, cette impunité sont insupportables.
Qui éructe son mépris en paiera le prix.
Elle est de nous celle-là.
Donc quand nous avons reçu la lettre de M. B écrite du fond d’une cellule, ce sentiment d’injustice nous a encore submergés.
Nous allons écrire à M. B, à Fleury-Mérogis.
Dans l’immédiat et à sa demande, nous publions ce texte écrit de sa main :
« Pour que le peuple et le Mouvement des Gilets Jaunes s’en souviennent et que l’Histoire ne soit pas écrite uniquement entre les vainqueurs,
Pour que le grand confinement n’étouffe pas l’incroyable désir d’émancipation qui s’est fait dans les rues et sur les ronds-points, il y a de cela peu de temps,
Pour le peuple qui a su s’exprimer avec fierté et courage,
Honneur à eux !!! »
Pour lui, pour vous et pour nous tous, on ne lâchera RIEN !
Ahou 💛